Vers
une utilisation efficace des incitations fiscales
Towards
effective use of tax incentives
MERROUNA Mouhssine / Université Hassan II Casablanca, Facultés des Sciences Juridiques,
Economiques et Sociales- Mohammedia - LABORATOIRE DE RECHERCHE EN ECONOMIE,
MANAGEMENT, FINANCE ET STRATEGIES DES ORGANISATIONS LAREMSO
MERROUNA
Mouhssine
Depuis
son indépendance, le Maroc a adopté une série de politiques pour relancer son
économie. Des politiques capables à carburer les secteurs industriels pour
faire sortir l’économie marocaine de son indépendance. Les pouvoir publics ont dû mettre en place
des stratégies pour relancer l’investissement. Pour cette raison, des codes
d’investissement ont été adoptés pour la relance de l’économie nationale et
l’ancrage du Maroc dans les secteurs prometteurs. L’analyse des mesures
d’encouragement de l’investissement glissées dans les différents codes
d’investissement[1]
et les chartes d’investissement[2],
laisse apparaitre l’omniprésence de l’approche fiscale dans ces différents
dispositifs. De même, le Code général des Impôts[3],
fragment de la loi des finances, interfère des mesures dérogatoires dans le
même but d’encourager l’investissement. Ces mesures sont souvent citées dans la
littérature de la législation fiscale marocaine par « dépenses
fiscales ». Chaque année la Direction Générale des Impôts, prépare un
rapport sur les dépenses fiscales. Ce rapport retrace l’évaluation de ces
mesures dérogatoires fiscales. Le manque à gagner pour le trésor affiche des
montants alarmants. Un constat nous pousse à s’interroger sur l’efficacité ces
dépenses fiscales et qu’elles constituent un outil pour influer le comportement
et de la décision de l’investisseur.
Pour
répondre à cette question complexe, vérifier la décliner en trois simples
questions ? Quelle valeur incitative pour ces dépenses fiscales ?
§ Quelle valeur incitative réelle
des incitations fiscales pour stimuler l’investissement ?
§ Existe-t-il une relation entre la
valeur ajouté et les incitations fiscales ?
§ Quelle place occupe fiscalité
dans l’environnement de l’investissement au Maroc ?
Avant de
répondre à ces questions, il est judicieux de rappeler la définition des
dépenses fiscales et ses différentes formes,
ensuite on va explorer les
différents dispositifs incitatifs que le Maroc a adoptés depuis son
indépendance jusqu’aujourd’hui.
Définition
de la dépense fiscale.
Au fil
des années, la définition du concept de dépense fiscale a évolué. La première
ébauche d’une définition du concept de dépense fiscale a été exposée en 1967
par Stanley Surrey[4]
après l’émergence des mesures fiscales préférentielles qu’a connu le système
fiscal américain. Surrey a défini les dépenses fiscales comme étant « un
programme étatique d’aide
financière qui est offert par des dispositions fiscales plutôt que par des
dépenses budgétaires directes [5]».
Pour sa part Fiekowsky (1980) limite la définition de dépense fiscale à une
mesure préférentielle qui ne sera considérée comme une dépense fiscale que si
elle est dérogatoire à la règle générale déjà exprimée dans la législation
fiscale et si l’objectif de cette disposition peut être atteint moyennant un
coût raisonnable par un programme de dépenses directes[6].
Au Maroc, les rapports sur les dépenses fiscales ne donnent
pas une définition précise au terme « dépense fiscales ». Ces
rapports donnent juste des statistiques sur nombre de mesures et leurs couts
respectifs. Ce sont des simples présentations chiffrées des dérogations
fiscales et la part du manque à gagner du Trésor.
En
octobre 2005, année de la publication du premier rapport sur les dépenses
fiscales, on trouve « les dérogations fiscales représentent un enjeu
budgétaire important, elles constituent un manque à gagner pour le budget et
leur effet sur ce dernier ont comparable à celui des dépenses publiques. C’est
la raison pour laquelle elles sont appelées ‘’ dépenses fiscales’’[7] »
En
Tunisie : Instauré depuis 1993, le
système des incitations tunisien parait très simple dans la mesure où il repose
juste les impôts suivant : l’IS, l’IR/personnes physiques, la TVA et les
tarifs douaniers, les droits d’enregistrement et les impôts locaux. Les
dépenses fiscales peuvent être définies « Les dépenses fiscales consistent
en un ensemble de mesures qui constituent une dérogation par rapport aux
dispositions fiscales de base qui constituent le système fiscal de référence,
en vertu duquel l'État abandonne une partie de ses ressources fiscales au
profit d'une catégorie de contribuables ou de certaines activités pour
atteindre des objectifs de nature économique, sociale, culturelle ou
environnementale [8]».
Au Canada « Les dépenses fiscales se rapportent
généralement à des mesures qui ont pour effet de réduire ou de différer les
impôts et les taxes payables par les contribuables. Elles peuvent prendre
plusieurs formes, dont celles de revenus non assujettis à l’impôt, de
déductions dans le calcul du revenu, de crédits d’impôt, de reports d’impôt ou
d’exemptions de taxe. Les dépenses fiscales visent à encourager certains
comportements ou activités, ainsi qu’à aider certains groupes de contribuables
qui se trouvent dans une situation particulière…Les dépenses fiscales
constituent donc des exceptions par rapport à une norme ou à une référence que
l’on définit comme le régime fiscal de base. Toute mesure visant à
conférer un allègement fiscal qui s’écarte de ce régime de base
constitue une dépense fiscale. Ainsi, pour que les dépenses fiscales soient
établies, il faut tout d’abord définir en quoi consiste le régime fiscal de
base»[9]
En France, dans le Tome II de l’annexe « voies et
moyens : évaluation des dépenses fiscales » associé au projet de la
loi des finances pour l’année 2020. On trouve la définition suivante : Les
dépenses fiscales s’analysent comme des dispositions législatives ou
règlementaires dont la mise en œuvre entraine pour l’Etat une perte de recette
et donc, pour les contribuables, un allègement de leur charge fiscale par
rapport à ce qui serait de l’application de la norme. C’est-à-dire des
principes généraux du droit fiscal français». Toute mesure impliquant une perte
de recettes pour le budget de l’État n’est donc pas une dépense fiscale ;
qualifier une mesure de “dépense fiscale” suppose de se référer à une
législation de base à laquelle elle dérogerait[10].
En
général, les dépenses fiscales. Ce sont des allègements fiscaux en faveur des
contribuables et des pertes de recettes fiscales pour le Trésor. Des choix
ouverts par législateur aux visages d’une catégorie de contribuables, de
certaines opérations, qui optent à un traitement fiscal particulier.
Les
différentes formes de dépenses fiscales
Il faut
rappeler que la dépense fiscale touche l’investissement soit en amant ou en
aval. Dans ce sens, on peut distinguer deux catégories de dépense fiscale.
-
Les dépenses fiscales qui touchent le cout de
l’investissement (en amant). Ce sont des mesures dérogatoires qui
encouragent l’investissement par la réduction du cout de réalisation du
projet. On trouve principalement dans cette catégorie de dépenses,
celles qui touchent principalement la TVA, Des exonérations en droits de
douanes. Ces dépenses fiscales visent principalement la jeune entreprise pour
soulager plus ou moins la trésorerie, pour que la société constitue un fond de
roulement pour son démariage. Et ;
-
Les dépenses fiscales qui touchent le bénéfice
tiré de l’investissement (en aval). Ce sont des mesures
dérogatoires qui encouragent l’investissement en un secteur donnée par la
réduction de l’IR ou l’IS lors du bénéfice. Les décideurs prévoient, par le
biais de ces dépenses fiscales, l’encouragement des secteurs clés de
l’économie.
Pour
approcher les deux familles de ces dépenses et approcher mieux le concept, on
va traiter les différentes formes des dépenses fiscales. Dans ce sens, les
dépenses fiscales peuvent prendre plusieurs formes à savoir :
-
Les exonérations : il s’agit d’exonérer une activité ou une
population entrant dans le champ d’application d’un impôt donné. L’exonération
qui soit permanente ou temporaire, comme elle soit totale ou partielle.
-
Le crédit d’impôt : c’est une créance sur le trésor qui peut faire
l’objet d’imputation ou d’un remboursement. Au Maroc les personnes qui
s’engagent à acquérir, soit par crédit bancaire ou dans le cadre du Contrat
Mourabaha, un bien destiné à l’habitation principale, ou une somme d’argent
pour construire une maison à usage d’habitation principale. Ces personnes
peuvent constituer un dossier de remboursement d’IR et ce conformément aux
dispositions de l’article 28 du Code Général des Impôts (CGI)[11].
-
La réduction d’impôt : il s’agit d’une diminution du montant de
l’impôt au stade de sa liquidation. Contrairement au crédit d’impôt, la
réduction n’ouvre pas droit au remboursement. Elle s’impute sur l’impôt à
payer. Par exemple : une personne bénéficier d’impôt sur le revenu quand
cette personne verse un don ou si verse une cotisation à une association ou
organisme d’intérêt général ou de charité.
-
Les taux réduits : ce sont des taux dérogatoires au taux de droit
commun. ce taux réduit est généralement fixé proportionnellement avec la base
d’imposition lorsque le barème est progressif.
Toutes
ces formes de dépenses fiscales sont décrites dans les différents dispositifs
incitatifs que le Maroc a adoptés depuis son indépendance.
Lecture
dans l’histoire des dispositifs des mesures d’encouragement d’investissement
Depuis
plusieurs années, et à l’instar des pays
développés, pour répondre aux besoins spécifiques en capitaux afin de carburer
la machine industrielle, les pouvoir publics ont dû mettre en place une
stratégie pour relancer l’investissement. Cette stratégie et caractérisée par
la mise en place de plusieurs code d’investissement.
§
Le code d’investissement de 1958 : Promulgué le 13 septembre 1958, ce code est
considéré par les décideurs publics comme un outil indispensable de la
politique d’indépendance nationale. Ce code offre des certains avantages
fiscaux en fonction de la nature de l’investissement comme :
-
Le remboursement des droits de douane
-
La réduction des droits d’enregistrement,
-
L’exonération des impôts de patentes (Taxe
Professionnelle)
-
La pratique de l’amortissement accéléré
Ce code s’adresse exclusivement aux secteurs
jugés prioritaires : la sidérurgie, industrie chimique, chantiers navals,
le textile et les industries alimentaires.
§
Le code d’investissement de 1960 : Ce code a retenu les mesures d’encouragement du code
de 1958 mais il est élargi pour que les dispositions d’investissement
impliquent les investissements privés étrangers. Ce code était plus sélectif
que son précédant, et ce, pour deux
raisons :
-
L’insertion de la notion de « l’entreprise de
production » et la notion de « l’industrie
de base ».
-
La création d’une commission d’investissement chargée
des examens des dossiers et d’octroi des avantages.
Toute fois le code de 1960 a repris les encouragements
listés dans la version 1958, il accorde d’autres avantages à savoir :
-
La possibilité de constituer en franchise d’impôt
d’une provision pour l’acquisition de matériel neufs ;
-
La possibilité pour les sociétés pétrolières et
minières de constituer une provision pour reconstituer des gisements ;
-
La garantie de transfert pour les investissements
étrangers, des produits de la liquidation de l’investissement, ainsi que le
transfert total ou partiel des dividendes.
§ Le code d’investissement de
1973 : promulgué le 13 Aout 1973, ce
code était conçu pour pallier les insuffisances de celui de 1960, et encore
pour répondre aux orientations du plan quinquennal 1973-1977. Ce code a était
conçu pour promouvoir certains secteurs à savoir : le tourisme,
l’artisanat, les pêches maritimes et le commerce extérieur.
Ce code s’est caractérisé par une réduction sensible
des aides financières, mais en contrepartie, des avantages fiscaux ont été
accordés d’une manière automatique notamment :
-
La réduction des droits d’enregistrement et de timbre
la constitution et l’augmentation de capital des sociétés ;
-
L’exonération totale ou partielle des droits de douane
sur le matériel d’investissement importé neuf ;
-
L’exonération totale ou partielle de l’impôt des
patentes ;
-
L’exonération totale ou partielle de l’impôt sur les
bénéfices professionnels pendant 10 ans selon les zones d’implantation des
investissements.
Le code
d’investissement de 1973 a été complété par un code relatif aux diplômés de la
formation promulgué le 3 Juillet 1989.
Avec les
contraintes qu’a subit l’économie marocaine, la politique des incitations à
l’investissement a pris un nouveau tournant avec l’abrogation du code de 1973
et la promulgation de la charte d’investissement de 1995.
§
La charte d’investissement de 1995 : Promulguée le 8 novembre 1995, cette charte était
conçue pour répondre au nouveau contexte de la mondialisation de l’économie et
généraliser les atténuations fiscales et de supprimer le formalisme
excessif. Parmi les principaux apports
de cette charte:
-
Elle entérine le principe de la généralisation des
mesures d’encouragement aux investissements à tous les secteurs d’activité par
l’insertion dans le droit commun du dispositif incitatif et l’application
automatique de l’avantage fiscal sans l’accord préalable de
l’administration ;
-
Elle renforce la concurrence pure et parfaite des
entreprises ;
-
Elle garantit le libre transfert du capital et des
dividendes…
§
La charte d’investissement de 2022 : L’adoption de la nouvelle loi-cadre
03-22 formant Charte de l’Investissement s’inscrit dans le cadre de la mise en
œuvre des Hautes orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu
L’assiste.
“Aujourd’hui,
Nous misons sur l’investissement productif en tant que levier essentiel pour la
relance de l’économie nationale et l’ancrage du Maroc dans les secteurs
prometteurs. cet égard, Notre souhait est que la nouvelle Charte Nationale de
l’Investissement donne une impulsion tangible à l’attractivité du Maroc pour
les investissements privés, tant nationaux qu’étrangers[12]“
Cette
nouvelle charte entérine aussi les recommandations du Nouveau Modèle de
Développement et du Programme Gouvernemental, qui font de l’investissement le
moteur de la relance économique du Royaume. Cette charte se fixe neuf objectifs
fondamentaux :
-
Création d’emplois stables ;
-
Réduction des disparités territoriales ;
-
Orientation de l’investissement vers les secteurs d’activités prioritaires et
d’avenir ;
-
Renforcement de l’attractivité du Royaume en vue de
l’ériger en hub continental et international pour les investissements directs
étrangers ;
-
Encouragement des exportations;
-
Incitation à la substitution des importations parla
production locale ;
-
Réalisation du développement durable ;
-
Amélioration du climat des affaires et facilitation de
l’acte d’investir ;
-
Accroissement de la part de l’investissement privé
dans le total des investissements réalisés.
Cette charte est structurée sur trois axes :
-
les 4 dispositifs de soutien à l’investissement :
Le dispositif de soutien principal à l'investissement, le dispositif de soutien
spécifique dédié aux projets stratégiques, le dispositif de soutien spécifique
au développement des entreprises marocaines à l’international et le dispositif
de soutien spécifique dédié aux très petites, petites et moyennes
entreprises ;
-
l’amélioration du climat des affaires ;
-
une gouvernance unifiée et territorialisée de
l’investissement
On
remarque que les codes et les chartes d’investissement se focalisent sur des
incitations fiscales de différentes formes, d’où il .
Au Maroc,
depuis l’année 2005, date du premier rapport d’évaluation des dépenses, jusqu’au aujourd’hui, leurs couts constituent
une fuite budgétaire alarmante pour le Trésor, qui se coïncide avec un déficit
budgétaire chronique.
Tableau 1:Les dépenses fiscales comparées au déficite: 2014-2020
2,014 |
2,015 |
2,016 |
2,017 |
2,018 |
2,019 |
2,020 |
|
Déficit[13] |
-46561,00 |
-41955,46 |
-36618,16 |
-32969,44 |
-33274,08 |
-38384,34 |
-82792,16 |
Dépenses fiscales[14] |
34,645 |
31,749 |
32,423 |
28,551 |
29,720 |
28,423 |
28,914 |
Pour bien
saisir l’enjeu budgétaire des dépenses fiscales, il y a lieu de dresser la présentation
graphique suivante :
Figure 1: Dépenses fiscales comparées au besoin de
financement entre 2014 et 2020
On
remarque bien que les dépenses fiscales creusent les finances publiques
marocaines, d’où la nécessite de vérifier si ces incitations fiscales répondent
aux objectifs prévus. Pour cela on va répondre à la première question
§ Quelle valeur incitative réelle
des incitations fiscales pour stimuler l’investissement ?
Pour
répondre à cette question, il y a lieu de dresser une comparaison entre deux
secteurs. Le premier est le secteur immobilier bénéficiant de toute une liste
exonérations fiscales et un deuxième qui n’est pas autant fiscalement
privilégié. C’est le secteur de l’industrie qui va nous servir pour témoignage.
Dans
cette comparaison on va se référer aux rapports des dépenses fiscales et
l’enquête sur l’investissement faite par le HCP en 2019. Cette enquête qui a
couvert les exercices 2016,2017 et 2018. Sur es trois exercices, on va comparer
le volume de l’investissement et le montant des exonérations des deux secteurs.
Tableau 2:Dépenses fiscales du BTP comparées aux DF de
l'industrie
Dépenses fiscales en Million DH |
||
Le bâtiment |
L'industrie (*) |
|
2016 |
7,656 |
3,187 |
2017 |
8,486 |
2,855 |
2018 |
5,750 |
2,178 |
Source :
Statistiques élaborées par mes soins à partir des rapports des dépenses
fiscales.
(*) : Pour les industries les plus
représentatives : Industrie alimentaires et Industrie Automobile et
chimique.
Figure 2: les DF du secteur de bâtiment comparées au DF
secteur de l'industrie.
D’après
le graphique ci-dessus, les dépenses fiscales en faveur du secteur du bâtiment
dépasse excessivement celles accordées pour le secteur de l’industrie.
D’après
l’enquête réalisée par le HCP. Et qui a concerné 2101 entreprises. 37% exercent
dans le secteur de l’industrie et 17% exercent dans secteur du bâtiment. La
lecture des statistiques des entreprises ayant réalisé des investissements se
présente comme suit :
Tableau 3: Comparaison des entreprises ayant investi entre
le secteur de l'industrie et le BTP
Secteur |
% des
entreprises ayant investi |
Industrie |
42.8 |
Bâtiment |
41 |
Source :
Statistiques élaborées par mes soins à partir de l’enquête du HCP (Tableau 2.1
page 8).
L’enquête fait ressortir :
-
La part des sociétés exerçant dans le secteur du
bâtiment ont investi avec une part de 41%, durant les trois derniers exercices
de la réalisation de l’enquête.
-
La part de l’investissement des sociétés relevant du
secteur de l’industrie est de 42.8%.
-
Les dépenses fiscales enregistrées en faveur du
secteur de l’immobilier ont enregistré des montants excessivement supérieurs à
celui du secteur de l’industrie
On peut déduire que malgré les incitations fiscales
ouvertes en faveur des sociétés du bâtiment, elles n’ont pas donné lieu à un
encouragement d’investissement. D’après ces remarques, on peut clairement
déduire que la variable des incitations fiscales n’est pas déterminante pour
stimuler l’investissement. Au contraire, la fiscalité se présente comme un
facteur majeur empêchant l’investissement.
Si théoriquement la mise en place d’un système fiscal
incitatif permet la stimulation de l’investissement, ce schéma semble flou pour
le dispositif incitatif marocain. Les incitations fiscales accordées à un tel
secteur n’est pas forcément un facteur carburant de sa chaine d’investissement.
Pour éclairer de plus cette réalité, on va essayer à répondre a la deuxième
question.
Quelle relation entre la valeur ajoutée et le volume
des incitations fiscales dans secteur de l’immobilier?
Par cette question, on va examiner le lien de
causalité des dépenses fiscales et la valeur ajoutée du secteur de
l’immobilier. Si la valeur ajoutée d’un secteur correspondant à la richesse
produite lors du processus de production, la valeur ajoutée traduit le
supplément de valeur donné par l'entreprise par son activité (le travail) aux
biens et aux services en provenance des tiers. Elle se répartit ensuite entre
revenus du travail, revenus du capital, et prélèvements par l’État. Théoriquement,
plus que les incitations fiscales augmentent cela doit générer une augmentation
de l’investissement et par la suite une hausse de la valeur ajoutée du secteur.
Cette
corrélation éventuelle entre les incitations fiscales et la valeur ajoutée
n’est pas validée pour le secteur immobilier. Pour confirmer l’absence de cette
corrélation, on va se référer à
l’évolution de la valeur ajoutée (1) et aux montants des dépenses fiscales (2)
enregistrées du secteur de l’immobilier et ce pour les années 2016, 2017, 2018
et 2019.
1.
L’évolution de la valeur ajoutée du secteur de
l’immobilier :
En se
référant au portail du Haut-commissariat au Plan, la valeur ajoutée du secteur
du bâtiment, pour les quatre années 2017, 2018, 2019, 2020 et 2021, se présent
comme suit :
Tableau 4: Evolution de la valeur ajoutée du secteur BTP
Année |
Valeur
ajoutée du secteur de BTP évolution en % |
2017 |
4.2 |
2018 |
-2.0 |
2019 |
0.8 |
2020 |
-3.7 |
2021 |
12.2 |
Source : [15]
2.
L’évolution des dépenses fiscales enregistrées pour le
secteur de bâtiment.
Au fil
des années 2017 au 2021, les dépenses fiscales évaluées pour le secteur du
bâtiment se présentent comme suit :
Tableau 5: Evolution des DF en faveur du BTP: 2017 au 2021
Année |
Dépenses fiscales en
faveur du secteur de BTP en Million de DH |
2017 |
6.576 |
2018 |
7.224 |
2019 |
4.637 |
2020 |
5.830 |
2021 |
6.546 |
Source : Statistiques élaborées par ms soins à
partir des rapports des dépenses fiscales.
La
présentation graphique de l’évolution de la valeur ajoutée et celle dépenses
fiscales donne le schéma suivant :
La
présentation graphique de l’évolution de la valeur ajoutée et celle dépenses
fiscales donne le schéma suivant :
Figure 3: Intéraction desDF et la VA du secteur BTP
Pour ces
cinq années, ’analyse des courbes fait ressortir les points suivants :
§
En général, L’évolution de la valeur ajoutée du
secteur de bâtiments prend un rythme opposé de celui des dépenses fiscales.
§
Pour les années 2018, 2020, au moment ou les dépenses
fiscales ont augmenté, la valeur ajoutée a enregistré une baisse.
§
Pour l’année 2019, l’année ou les dépenses fiscales
ont largement baissé, la valeur ajoutée a affiché une légère hausse
§
Pour l’année 2011, les dépenses fiscales ont
enregistré une hausse légère, la valeur ajoutée a affiché une grande
accélération avoisinant 12,2%.
Ces
remarques traduisent qu’il y a un décalage réel entre les deux variables. Elles
évoluent dans a deux rythmé opposés, cela traduit, qu’il n’existe pas une
corrélation entre les dépenses fiscales et la création de la valeur ajoutée.
Il reste
à démontrer si la fiscalité est encourageante pour investir. Pour cela, il y
lieur d’examiner la dernière question.
Quelle a
place de la variable fiscale dans l’environnement de l’investissement au
Maroc ?
Une
enquête a été réalisée par la Banque Mondiale[16]
entre le mois de Mai 2019 et Janvier 2020. Cette enquête a interrogé 1.096
entreprises marocaines de toute taille et âge.
Les
sociétés interrogées dans cette enquête se présentent comme suit :
[1] Le Maroc a adopté une
série des code d’investissement à savoir : Le code d’investissement de
1958, 1960, 1973.
[2] . Dans la même
optique d’encouragement, le Maroc a
adopté une nouvelle charte d’investissement de 1995. La dernière charte a été
promulguée en 2022.
[3] A coté du CGI, la
Direction Général des Impôts, a publié un dispositif des incitations fiscales.
Qui regroupe l’ensemble des mesures d’encouragement à caractère fiscal.
[4]Stanley S. Surrey (Octobre 1910 - 27 août 1984) Un spécialiste du droit. Le plus grand spécialiste fiscal de sa génération". Parmi ses contributionsles plus notables dans le domaine de la fiscalité, figurait l'expression «dépenses fiscales», qu'il a inventée dans un discours de 1967 pour désigner les allégements fiscaux qui servent de subventions gouvernementales sans rapport avec les tentatives de mesurer avec précision l'assiette fiscale
[5] S. Surrey, Pathways to taxreform- the
concept of taxexpenditures, Harvard UniversityPress, 1973, p 417
[6] S. Fiekowsky, “the relation of the
taxexpenditure to the distribution of the fiscal burden” dans “Canadian
taxation”, vol 2 n°4 1980 p.215.
[7] Premier rapport sur les dépenses
fiscales année 2005. Page 5 du
[8] RAPPORT SUR LES DEPENSES FISCALES ET
LES AVANTAGES FINANCIER élaboré par Ministère de l'Economie, des Finances et de
l'Appui à l'Investissement de la Tunisie. Page 4
[9]
Extrait de la Page 20 et 21 du Rapport dépenses fiscales Edition 2021 -
Canada
[10] Cette définition a été reprise dans
l’annexe au Projet de la loi des Finance pour l’année 2022. Evaluation des
Voies et Moyens.
[11]L’article 28 du CGI stipule
que « Sont déductibles du revenu global imposable, Dans la limite de
10% du revenu global imposable, en vue de l'acquisition ou de la construction
de logements à usage d'habitation principale, lemontant des intérêts afférents
aux prêts accordés aux contribuables par les institutions spécialisées ou les
établissements de crédit et organismes assimilés, dûment autorisés à effectuer
ces opérations, par les œuvres sociales du secteur public, semi-public ou privé
ainsi que par les entreprises; - le montant de la rémunération convenue
d’avance entre les contribuables et les établissements de crédit et les
organismes assimilés dans le cadre d’un contrat « Mourabaha».
[12] Extrait du Discours de Sa Majesté Le
Roi, Que Dieu L’Assiste, au Parlement à l’occasion de l’ouverture de la 1ère
session de la 2ème année législative de la 11ème législature 14 octobre 2022.
[13]https://manar.finances.gov.ma/manar/Consultation_consulterTable consulté le 25 Décembre 2022.
[14] Les statistiques de dépenses fiscales
sont préparées par mes soins à partir des rapports des dépenses fiscales
2014-2020.
[15]https://www.hcp.ma/Valeur-ajoutee-du-secteur-de-BTP_a3267.html. Portail du HCP consulté en 15 Mars
2023
[16]
Entreprise surveys. Morocco 2019 Contry
profil. Une enquête réalisée par la Banque Mondiale