Football
marocain: un outil de rayonnement
diplomatique et de Soft Power
Moroccan
football: a tool for diplomatic outreach and Soft Power
Anasse AJJAD / Université Hassan Premier Settat
Anasse
AJJAD
Résumé
: Le
Maroc a réalisé ces dernières années des ascensions fulgurantes dans les
postes de responsabilité de différents organes sportifs notamment en matière
du football, ce qui lui a permis de conforter sa place en tant qu’acteur
incontournable dans le monde du sport, assurant ainsi son rayonnement tant à
l’échelle africaine qu’au niveau international. Ce
soft power footballistique se veut un mécanisme diplomatique à même de
conforter le leadership du Royaume dans les fora internationaux, notamment en
matière de préservation des acquis nationaux, à leur tête la question de
l’intégrité territoriale du Royaume. Plusieurs
facteurs sont à l'origine du succès diplomatique, notamment l'organisation
réussie d'événements sportifs, la modernisation et la multiplication
d'installations sportives, l'organisation de Méga-événements et l'intégration
des cadres marocains dans les instances footballistiques continentales et
mondiales et enfin l'épopée marocaine à la coupe du monde du football Qatar
2022. Mots clés : Football, Diplomatie,
Soft Power |
|
Abstact : Morocco has achieved
meteoric ascents in recent years in the positions of responsibility of
various sports bodies, in particular in the field of football, which has
allowed it to consolidate its place as a key player in the world of sport,
thus ensuring its influence both on an African scale and at international
level. This football soft power is
intended to be a diplomatic mechanism capable of consolidating the Kingdom's
leadership in international forums, especially in terms of preserving
national achievements, headed by the issue of the territorial integrity of
the Kingdom. Several factors are at the
origin of the diplomatic success, in particular the successful organization
of sporting events, the modernization and multiplication of sports
facilities, the organization of Mega-events and the integration of Moroccan
executives in continental and global football bodies and finally the Moroccan
epic at the Qatar 2022 football world cup. Keywords : Football, Diplomacy, Soft Power. |
Introduction
L'utilisation
du concept « diplomatie sportive » est relativement récente. Les études sur le
rôle du sport dans les relations internationales se sont d’abord intéressées à
son usage au service de la propagande des régimes autoritaires, de
l’affrontement indirect entre les USA et l’URSS pendant la guerre froide ou du
processus de décolonisation[1].
L’avènement d’un monde multipolaire dans les années 1990 a nécessairement
permis une évolution des cas et des objets étudiés, la diplomatie sportive
s’étant elle-même globalisée (Pigman et Rofe, 2014).
Joseph
Nye[2] a défini la force douce ou également la force
d’attraction (Soft power en englais) en disant : "la force militaire ou
politique ne suffit plus pour qu’un Etat obtienne ce qu’il veut d’un autre
Etat. Il faut désormais compter avec la force d’attraction : l’idéologie, la
culture et le poids de l’imaginaire permettent d’atteindre ces buts sans aucune
coercition, voire sans que l’autre Etat en soit conscient"[3].
La
diplomatie est alors selon lui la capacité d’un État à obtenir ce qu’il
souhaite d’un autre État sans que celui-ci n’en soit même conscient à travers
l’influence, l’attraction et la séduction.
Le terme
de « diplomatie sportive » désigne l’utilisation stratégique du sport pour
atteindre des objectifs dans le domaine des relations extérieures. Elle vise
notamment à rendre un pays, ses habitants et sa culture plus attractifs auprès
des pays tiers en entretenant des liens entre les populations au moyen
d’initiatives citoyennes. Elle mobilise un éventail d’acteurs plus large que
les diplomates et les personnalités politiques, notamment des sportifs amateurs
et professionnels (les « diplomates en survêtement »), des
organisations sportives et des acteurs de la société civile.
Une part
importante de la diplomatie sportive s’organise autour de l’attribution des
grands évènements sportifs qui constitue un enjeu de promotion et de
rayonnement pour le pays d’accueil. Le processus d’attribution donne aussi aux
organisations sportives la possibilité d’exercer une influence sur les
gouvernements nationaux et de chercher à garantir la protection de leur
intérêts essentiels, tels que l’autonomie de gestion ou un régime fiscal
favorable.
Le sport,
le football en particulier, est devenu un bastion pour le Maroc, consolidant
son soft power, qui favorise la nation et projette une image favorable qui lui
donne une visibilité dans le monde arabe et à l'étranger, générant une plus
grande attractivité.
Depuis
l’accession de SM le Roi Mohammed VI au trône de Ses glorieux ancêtres, le
Royaume a conféré à son action diplomatique davantage d’efficience qui s’est
traduite par un développement accru, tous azimuts. Dans ce sens, la diplomatie
sportive constitue un pan essentiel de la vision royale et une stratégie
efficiente visant la consolidation du positionnement du Maroc contemporain dans
plusieurs secteurs.
Étant un
intermédiaire efficace et prompt confortant l’attraction du Royaume dans
plusieurs domaines, le Maroc a fait de la diplomatie sportive une vitrine pour
son rayonnement continental et international et un outil stimulant la
croissance économique, industrielle, touristique et autres.
D’autre
part, ce soft power sportif se veut un mécanisme diplomatique à même de
conforter le leadership du Royaume dans les fora internationaux, notamment en
matière de préservation des acquis nationaux, à leur tête la question de
l’intégrité territoriale du Royaume.
A la
faveur de la vision clairvoyante de SM le Roi et la haute sollicitude dont le
Souverain ne cesse d’entourer les clubs et les compétitions sportives
nationales, continentales et internationales, le Maroc a misé énormément sur la
diplomatie sportive, à travers plusieurs investissements, partant de la
conviction de SM le Roi que le développement de liens diplomatiques sportifs
dans le monde aura un impact positif sur les conditions politiques, culturelles
et économiques des peuples et sur les causes nationales. Ceci étant, ces
investissements favoriseront indubitablement le rayonnement du Royaume à long
terme.
En effet,
le Feu Hassan II l’a bien précisé lors d’un discours dans les années 80 après
le sacre olympique de Naoual ELMOUTAOUKIL et Said AOUITA lors des jeux
olympiques de Los Angles en 1984, disant que le monde connait les deux
champions olympiques marocains mieux que son Monarque, grâce à leurs sacres en
athlétisme, ils sont devenus deux ambassadeurs du Royaume du Maroc en hissant
le drapeau marocain haut dans les quatre coins du monde. L’impact du
sport dépasse clairement son influence diplomatique dans le monde, mais aussi
de son économie, de l’emploi et de son attractivité, entre autres en ce qui
concerne les grands événements sportifs.
Conscient
de l’importance et de la force de la diplomatie par le sport, au moment où les
ennemis du Royaume multiplient leurs manœuvres afin d’avorter l’initiative
marocaine du plan d’autonomie de 2007, le Maroc s’est orienté vers le football
afin de défendre ses intérêts nationaux, en particulier la question du Sahara
Marocain.
Considéré
comme l’un des principaux maîtres d’œuvre de la diplomatie par le sport engagée
par le Maroc, « Fouzi Lekjaa est également le directeur du budget de
l’Etat et il a la confiance du roi pour mener à bien ce projet », souligne
Moncef El Yazghi, chercheur en politique du sport et l’auteur des
Politiques sportives du Maroc, 1912-2021. « Plus que de diplomatie
sportive, je pense qu’il faut parler de diplomatie footballistique, parce que
tous les efforts sont concentrés sur cette discipline », ajoute-t-il.
Problématique
:
Comment
le Royaume du Maroc a pu intégrer le Soft power du football ? a-t-il réussi sa
diplomatie sportive par le football ?
1 -
Développement des infrastructures footballistiques
Depuis
les tentatives avortées du Maroc d'organiser la Coupe du monde, notamment
remportée par l'Afrique du Sud en 2010, le pays a commencé à moderniser les
installations existantes selon les normes internationales et à construire de
nouvelles infrastructures de football.
Sur son
territoire, le Maroc a également entrepris la construction et la rénovation
d'infrastructures majeures : stades modulaires, voies ferrées à grande vitesse,
routes, aérogares, gares... Mais l'image d'un pays développé et d'un pays
politiquement stable ne suffit pas à l'emporter. L'organisation s'oppose à une
candidature conjointe des États-Unis, du Canada et du Mexique, soutenue par
l'ancien président américain Donald Trump. Bien avant cette date, le Maroc
avait créé l'Académie Mohammed VI de Football.
Dédiée à
la production de joueurs de classe mondiale, l'institution est devenue une
locomotive pour les clubs marocains en termes de formation de football de
qualité, puisqu'elle a fourni à l'équipe nationale "A" trois joueurs
pour la Coupe du monde Russie 2018 et quatre joueurs pour Qatar 2022.
Actuellement,
le Maroc dispose d'installations sportives de niveau international à Agadir,
Marrakech, Casablanca, Rabat et Tanger. Outre les cinq stades précités, le
Maroc a également mis à jour d'autres stades dans le cadre de son organisation
de la CAN 2025, à savoir Tétouan, Al Housseima, Berkane, Oujda, Kénitra, Fès et
El Jadida.
Au niveau
national, depuis 2015, la Fédération Royale Marocaine du Football (FRMF) a
choisi de rénover les stades des clubs participant aux championnats
professionnels "D1" et "D2", afin d'améliorer la qualité et
l'image du football marocain en les dotant de gazon naturel.
Au niveau
régional, la FRMF a mis en place plusieurs centres fédéraux régionaux du
football dédiés aux jeunes en cours d'éducation physique. En 2017, le premier
centre fédéral à ouvrir était Saadia.
Au niveau
local, les ministères d'État concernés (ministère de l'Intérieur, de
l'Équipement, des Transports, de la Logistique et de l'Eau et ministère de la
Jeunesse et des Sports3 (aujourd'hui ministère de l'Éducation nationale, du
Préscolaire et des Sports)), en équipant des terrains préparés pour les
collectivités locales avec du gazon synthétique, favorisant les programmes
fédéraux.
En 2019,
le Maroc a achevé un premier plan de restructuration avec l'ouverture du stade
de football Mohammed VI. Etendu sur plus de 30 hectares, ce magnifique complexe
sportif unique en Afrique est dédié aux différentes catégories d'équipes
nationales de football.
Outre les
équipes nationales de jeunes qui participent aux stages sport-études, le
paddock accueille également des équipes nationales de beach soccer et de
futsal.
Concernant
cette dernière discipline, la FRMF a livré de nouvelles salles de futsal aux
standards internationaux, notamment à Rabat et Laâyoune. Outre les équipements
sportifs, le Maroc a lancé un grand projet de réorganisation des
infrastructures d'appui, notamment les aéroports, les autoroutes, les hôtels et
les moyens de transport.
Le Maroc
est devenu le premier pays africain à introduire le VAR5 (le système Video
Assistant Referee (VAR) est un outil de soutien pour les meilleurs officiels de
la ligue nationale.)
L'euphorie
économique et la stabilité politique et sécuritaire confère aux cadres
marocains plus de légitimité dans la gestion des instances sportives africaines
et internationales. C'est précisément en raison de la popularité internationale
du Maroc et de sa bonne réputation en Afrique que la FIFA a approuvé à
plusieurs reprises la candidature du Maroc à l'organisation de la Coupe du
monde.
Depuis
que le Maroc est devenu la première destination des équipes de football en 2021
et début 2022, ce country branding[4]
a largement contribué à accroître la notoriété du pays et à accroître son
attractivité pour le tourisme footballistique. Stade national africain , un
stade non sanctionné par la FIFA pour les éliminatoires de la Coupe du monde
Qatar 2022.
Profitant
du bellicisme de la Confédération africaine de football (CAF) qui a jugé les
stades de Bamako, Djibouti, Niamey et Ouagadougou inéligibles aux éliminatoires
de la Coupe du monde 2022, le Maroc se positionne comme une force de réserve du
football africain d'ici plusieurs courses. tenu cet automne. Ainsi en octobre,
Djiboutiens et Burkinabés se retrouveront à Marrakech, Mozambique et Cameroun
joueront à Tanger, et Guinée-Soudan et Mali-Kenya se joueront à Agadir. Alors
que les matchs Guinée-Soudan et Mali-Kenya se sont déroulés à Agadir.
« Toutes
ces fédérations ont signé des partenariats avec le Maroc. Comme leurs stades
n'ont pas encore été homologués - à l'exception de la Guinée, qui est exclue en
raison de circonstances exceptionnelles liées au coup d'État de septembre,
elles se tournent naturellement vers le Maroc pour pouvoir jouer des matchs.
Nous avons évidemment accepté", a déclaré Omar Khyari, un proche
conseiller de Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de
football (FRMF).
Cette
image a indirectement renforcé le rayonnement du Maroc en matière de tourisme
et de culture suite à la refonte des installations portuaires, des aéroports et
des autoroutes.
Cette
influence a fait du Maroc une destination privilégiée pour les talents
africains qui préféreraient poursuivre une carrière de footballeur au Maroc,
d'autant plus que le pays a ouvert ses frontières aux Africains souhaitant s'y
installer.
2 -
Organisation des Méga-événements footballistiques
Les
événements sportifs continentaux et mondiaux accueillis par le Maroc mettent en
évidence la qualité des infrastructures de haut niveau disponibles dans le
Royaume ainsi que des aspects pertinents pour l'organisation, tels que la
sécurité, la logistique et l'hébergement.
Avec une
politique volontariste d'organisation de grands événements sportifs
internationaux, le Maroc s'est imposé comme une destination privilégiée pour
les grands événements sportifs, nécessitant des infrastructures de qualité, un
savoir-faire et une bonne organisation.
Le Maroc
a également une grande expérience dans la gestion des documents d'organisation
du GES par rapport à ses rivaux africains, notamment après sa candidature à
l'organisation de la Coupe du monde 2010.
Saisissant
cette opportunité, le Royaume a pu établir des liens et des réseaux qui
pourraient s'avérer précieux dans les années à venir. Enfin, le Maroc veut se
positionner comme la plaque tournante de l'Occident en Afrique, ce qui signifie
que le Maroc entretient de bonnes relations diplomatiques avec l'Europe et les
États-Unis, assurant ainsi leur éventuel soutien lors de futures élections si
nécessaire. Le Maroc a changé de direction dans l'organisation d'événements
sportifs tels que la Coupe du monde des clubs en 2013 et 2014, le CHAN et les
Jeux africains en 2018, la Coupe d'Afrique de futsal en 2020, l'équipe
nationale féminine d'Afrique en 2022 et la dernière Coupe du monde à Qatar.
Dans le
cadre du soutien de la FRMF aux causes nationales, la fédération organise un
gala annuel alors que les provinces du sud célèbrent la Marche verte. Ces
matchs ont été diffusés en direct sur plusieurs chaînes internationales et ont
mis en vedette plusieurs personnalités internationales du football. Par
exemple, les stars suivantes ont joué dans les tournois passés : le regretté
Diego Maradona, le Ghanéen Abedi Bailey, le président libérien George Weah, le
Brésilien Rivaldo et le gardien colombien Rene Iggy Tower. Par leurs
déclarations solennelles, ces stars soutiennent directement ou indirectement
l'intégrité territoriale du Maroc. Ils se sont donc dirigés vers les provinces
du sud, niant ce que l'ennemi disait sur la guerre et l'instabilité dans la
région.
C'est
aussi l'occasion de voir le degré de développement atteint par les villes des
provinces du sud par rapport au reste du pays. Par ailleurs, la FRMF a organisé
et remporté la Coupe d'Afrique de Futsal en 2020 sur le terrain de la ville de
Laâyoune malgré l'opposition de certains pays comme l'Afrique du Sud,
l'Algérie, etc. Les deux pays se sont retirés de l'événement pour protester
contre la CAF et la FIFA.
Disposant
d'une bonne réputation au niveau mondial et continental, le Maroc a organisé la
43e Assemblée générale ordinaire et élective de la CAF en 2017. Au cours de
cette Assemblée, le Sud-Africain Patrice Motsepe a été élu Président de la CAF
en remplacement du Malgache Ahmad Ahmad. Le président Faouzi Lakjaa devient le
Comité exécutif de la FIFA.
Avec
l'exploit inédit de l'équipe nationale lors de la Coupe du monde Qatar 2022, le
Maroc est devenu le premier pays africain et arabe à atteindre ce niveau de
compétition, devenant une source de fierté en Afrique et dans le monde arabe.
Bénéficiant de la confiance de la CAF, le Maroc accueille la CAN de football
féminin et la Ligue des champions féminine en 2022. De son côté, la FIFA l'a
sélectionné pour la troisième fois pour accueillir la Coupe du monde des clubs
en février 2023.
3 -
Intégration d’instances sportives continentales et internationales
Depuis
les réalisations de Said Aouita et Nawal el moutawakel aux années 80, le Roi,
Feu Hassan II, a pris conscience de la nécessité d’avoir des marocains dans les
instances sportives internationales. Pour cela, il a assuré les études
supérieures à Nawal El Moutawakel aux USA qui lui ont permis, par la suite, de
devenir membre du comité exécutif et viceprésidente du Comité International
Olympique. Un tel poste de responsabilité a permis au pays de mieux s’informer
sur les dossiers gérés par l’instance et d’en tirer profit sur le plan
politique, économique et sportif. Plus récemment, il a été ressenti, plus que
jamais, la nécessité d’avoir des marocains à l’intérieur des instances
sportives continentales et mondiales, surtout avec l’émergence d’une élite marocaine
qui a fait ses preuves en matière de gouvernance sur le plan national. c’est
dans ce contexte que le Maroc a usé de son poids et de sa diplomatie pour les
placer au sommet de la hiérarchie. En effet, et depuis qu’il est à la tête de
la FRMF le 13 avril 2014, Faouzi Lakjaa, Homme d’Etat et diplomate par
excellence, s’est nettement distingué au Maroc d’abord, à travers la
restructuration du football marocain, puis sur la scène africaine où il a mis
le pays sur le devant de la scène. En juillet 2017, il a été élu au comité
exécutif de la CAF, après le retrait de la candidature du président de la
Fédération Algérienne Kheirddine Zetchi.
Lors du
43e Congrès ordinaire et électoral de la CAF au Maroc en 2017, le Maroc a pu
obtenir un vote pour modifier l'article 4 du statut de la CAF. Cette mesure
préventive a permis au Maroc d'enterrer complètement les rêves des
séparatistes, car cet article adopté prévoit que "La Confédération
Africaine de Football est ouverte aux candidatures de toutes les associations
nationales africaines pour agir en tant que représentants officiels dans un
pays indépendant et reconnu, et qu'il est membre de l'Organisation des Nations
Unies (ONU)".
Le Maroc
gagnent notamment le soutien et la reconnaissance de la marocanité du Sahara
par la CAF et la FIFA donnant l'accord à la ville de Laâyoune pour organiser la
Coupe d'Afrique des nations du futsal en 2022, nonobstant le retrait de
l'Algérie et de l'Afrique du Sud. Cette approbation équivaut à un feu vert pour
que le Maroc organise d'autres manifestations dans sa région sud.
Par
ailleurs, la proclamation de feu Diégo Armando Maradona reconnaissant
l'identité marocaine du Sahara à l'occasion de sa participation aux
célébrations du 44e anniversaire de la Marche verte marocaine à Laâyoune a été
mémorable.
Une autre
déclaration impressionnante est celle de l'entraîneur Baddou Zaki, qui avait
réclamé l'ouverture de la frontière entre le Maroc et l'Algérie lorsqu'il avait
remporté la Coupe d'Algérie en tant qu'entraîneur des jeunes du Belwizdad en
juillet 2017. Une telle proclamation a dérangé le régime algérien, entraînant
alors le limogeage de l'entraîneur.
Depuis
mars 2021, Faouzi Lakjaa occupe le poste de vice-président de la CAF et dirige
jusqu’à présent la fameuse Commission de Budget de la CAF. En avril 2022, le
président de la CAF l’a nommé au niveau groupe de travail des commissions de
normalisation de la FIFA.
Cette
nouvelle entité aura pour tâche d’analyser le cadre juridique, la gouvernance
et la mission des commissions de normalisation et de faire des propositions à
l’attention du Conseil de la FIFA. Ainsi, depuis qu’il est représenté à la CAF,
le Maroc a pu gérer, avec succès, toutes les manœuvres des opposants du pays
tendant à nuire à l’image du Maroc ou à ses intérêts grâce à une alliance
solide au sein de cette instance africaine.
Suivant
les dates des réalisations sportives marocaines antérieurement citées, il
s’avère clairement que la diplomatie footballistique marocaine est récente.
Malgré cela, ses fruits n’ont pas tardé a être perceptibles.
4 -
Epopée marocaine à la coupe du monde Qatar 2022
Tout le
monde se souviendra toujours de l'accès historique de l'équipe nationale aux
demi-finales de la Coupe du monde 2022 au Qatar, tout comme nous nous souvenons
des huitièmes de finale de la Coupe du monde Mexique en 1986.
Le Maroc a signé un parcours plus qu’honorable
au mondial Qatar 2022. Sortis en demi-finale devant la France, les Lions
d'Atlas n’ont pas démérité et ont réécrit l’histoire du football marocain,
arabe et africain.
Le Maroc
est devenu une énigme sportive, attirant des chercheurs et des technologues
sportifs du monde entier qui tentent d'expliquer les performances de l'équipe
marocaine. Cette performance inédite contribuera certainement à « déconstruire
les stéréotypes médiatiques véhiculés contre l’intégrité territoriale du
royaume »[5].
En fait,
cet effort en amont pour redonner confiance aux Marocains s'est
particulièrement intensifié depuis 2017, la marque de sport marocaine étant
devenue la marque la plus respectée et la plus populaire en Afrique. Cette
confiance s'explique à plusieurs niveaux : d'abord au niveau des clubs
marocains, qui ont fini par dominer la Ligue des Champions et la Coupe d'Afrique
des Nations.
L'équipe
marocaine n'est pas seulement soutenue par les marocains. Le Maroc n'est pas
seul dans cette grande aventure. Derrière notre pays et ses équipes, c'est tout
le Sud. La diaspora installés en Europe, au Maghreb, en Afrique et dans le
monde arabe. Tout le monde s'approprie cette équipe, qui a battu des équipes
européennes célèbres de Belgique, d'Espagne et du Portugal, et a joué contre la
France, championne du monde, sans complications.
Dans
l'imaginaire des opinions publiques arabes et africaines, ces équipes
européennes représentent d'anciennes métropoles incapables d'échapper aux
barrières de l'époque coloniale. Aujourd'hui, ces pays représentent un Nord qui
entretient une relation commerciale inégale avec le Sud.
L'épopée
du Maroc a aidé le Sud à se détacher et a montré qu'il pouvait rattraper les
autres et forcer le respect. Son succès va au-delà des sports tournés vers le
Nord, et il illustre la volonté du Sud de le rattraper, voire de le dépasser.
La
capacité de rattrapage a non seulement ouvert la voie aux pays du Sud, mais
leur a également permis de progresser, d'influencer et de se développer. Le
droit au rattrapage représente la volonté de sortir de la marginalisation et
l'espoir d'un développement ouvert.
Voici les
leçons importantes à tirer de cette belle expérience à Doha pour l'équipe
marocaine. Pour la population largement marginalisée et souvent dépassée du
Sud, ce succès apporte l'espoir d'éradiquer l'humiliation, y compris celle
subie par le peuple palestinien depuis des décennies. Cela explique la forte
présence de la question palestinienne légitime à Doha.
Le succès
de l'équipe marocaine a fait hisser le drapeau de la Palestine avec le drapeau
du Maroc, et les habitants de Gaza, comme les habitants des territoires
occupés, se sont réjouis avec le peuple marocain.
Il est
important de noter le comportement des Maghrébins, notamment des Algériens, qui
ont accompagné la grande aventure du Maroc avec enthousiasme et ferveur malgré
le fait que les relations entre le Maroc et l'Algérie étaient dans un état de
rupture complète.
En 2019,
lorsque l'équipe algérienne de football a remporté le championnat d'Afrique de
la CAN, en ce qui concerne les Marocains, ils étaient supporters de l'équipe
algérienne de football.
Cette
démonstration de solidarité des Algériens, comme d'autres Maghrébins qui ont
embrassé l'équipe marocaine avec force et joie, montre à quel point ce
comportement (dima khawa khawa) relève non seulement de l'émotion mais de
l'exigence de relations normales entre l'Algérie et le Maroc pour supprimer
tous les signes d'une rupture des relations entre les deux pays : la rupture
des relations diplomatiques, l'arrêt des gazoducs, la fermeture de l'espace
aérien par les avions marocains, tout en fermant les frontières terrestres
depuis 1994.
Outre le
compagnonnage affectif des Maghrébins avec l'équipe marocaine, il existe chez
eux une forte volonté de poursuivre la construction d'un Maghreb unifié qui
leur permettra de réaliser un véritable développement économique et d'améliorer
leurs relations avec l'Europe voisine et la capacité des États avancés négocier
plus généralement la mondialisation du XXIe siècle.
Le Maroc,
fier de la réponse du peuple maghrébin en soutien fraternel, continuera de
tendre la main à l'Algérie, comme en témoigne l'initiative de notre souverain,
notamment dans ses discours du trône en 2021 et 2022 : « Nous renouvelons notre
invitation à nos frères algériens de travailler ensemble sans condition pour
construire une relation bilatérale basée sur la confiance, le dialogue et le
bon voisinage... Nous sommes impatients de travailler avec la présidence
algérienne afin que le Maroc et l'Algérie puissent travailler ensemble pour
rétablir la normalité entre les relations entre les deux pays. Les deux
peuples" Merci donc à cette équipe nationale qui a redonné beaucoup
d'espoir au sud global en se faisant l'écho de la performance des peuples maghrébins,
arabes et africains, en le laissant se détendre et croire en la possibilité de
rattraper les autres pays. Ici, l'esprit et la raison sont du même côté. C'est
en ce sens que l'épopée constitue un moment géopolitique important.
Le Maroc
a beaucoup gagné de son épopée en équipe nationale en termes de prestige et de
réputation. Dans le monde globalisé d'aujourd'hui, la réputation est une
catégorie importante dans les relations internationales, notamment en ce qui
concerne la performance sportive, qui pour le Maroc est devenue partie
intégrante de son soft power, comme elle le fait dans le sens de la tolérance
et de l'ouverture.
Il en va
de même pour le gestion spirituelle de l'Islam. Ce succès place une grande
responsabilité sur notre nation.
Dans le
football, nous devons continuer à progresser : « Sir Sir Sir », mais aussi dans
les sphères politique, sociale et économique, des domaines qui conduisent
directement à des problèmes de développement.
Dans tous
ces domaines de la gouvernance, les leçons des équipes de football méritent
d'être méditées. Ils nous disent qu'avec du travail et sans formation on ne
peut pas rattraper les autres. Ils illustrent vraiment le sens du nouveau
modèle de développement que nous voulons construire. Le Maroc est actuellement
classé 11e au monde en football. Cela veut dire que dans ce domaine nous avons
émergé, nous avons atteint le seuil du décollage, ce fameux
"décollage"[6].
Les indicateurs de développement économique, social et culturel de mon pays se
situent généralement entre 70 et 100.
A nous de
construire sur l'exemple de l'équipe nationale et de créer les conditions d'un
rattrapage dans tous ces domaines, et nous devons aussi aller de l'avant et
tendre la main au reste du monde avec respect, humilité et simplicité.
Améliorer notre pouvoir de négociation.
Conclusion
:
Le Maroc
a bel et bien intégré le soft power du sport en investissant dans tous les
domaines de la politique sportive. Il a su projeter une image nationale moderne
et dynamique dans la région. Elle est entrée dans un cycle économique vertueux,
qui devrait l'amener à mener une politique d'économie sportive rentable qui
deviendra elle-même un instrument de pouvoir. A plus ou moins long terme,
l'objectif est de gagner la chance d'accueillir une deuxième Coupe du Monde de
la FIFA sur le sol africain. Si l'objectif de 2026 semble insaisissable en
raison de la fiabilité du document conjoint États-Unis-Mexique-Canada, celui de
2030 est toujours possible.
Cependant,
cette dynamique ne doit pas faire perdre de vue que, pour que cette politique
étrangère sportive soit efficace sur le long terme, elle doit s'appuyer sur les
recommandations suivantes :
1-
Promouvoir le droit fondamental au sport et une pratique sportive facteur
d’intégration sociale.
2-
Consacrer les valeurs du sport dans l’éducation et la jeunesse
[1] Victor
Peppard and James Riordan,Playing Politics: Soviet Sport Diplomacy to
1992.Greenwich: JAI Press, 1993. x, 184 pp.
[2] Joseph Samuel Nye, Jr. dit Joe Nye, né
le 19 janvier 1937 à South Orange, est un analyste et théoricien des relations
internationales. Il est professeur émérite à l'Université Harvard. Il est
président du groupe nord-américain au sein de la Commission Trilatérale depuis
2009.
[3] Joseph S.
Nye jr,Bound to Lead: The Changing Nature of American Power, New York, Basic
Books, 1990, page 261.
[4] Le "Nation Branding",
expression qui renvoie à la capacité d’un pays à promouvoir sa
"Marque" et l’ensemble des dimensions qu’elle englobe (culturelle,
gastronomique, sportive, diplomatique ou encore militaire) jouent un rôle clé
dans la perception et le positionnement des entreprises françaises à
l’international.
[5] Morocco’s Sports Diplomacy in
Africa : Four Questions for Political Science Researchers, Atik Essaid, 2021 4
March 30 - By : Rachid Maboudi article publié par MAP. Consulté le 04-05-2022).
[6] Disait Rostov dans les années 1960, un
célèbre économiste qui fut aussi conseiller du président Kennedy