Football marocain: un outil de rayonnement diplomatique et de Soft Power - Anasse AJJAD




Football marocain:  un outil de rayonnement diplomatique et de Soft Power

Moroccan football: a tool for diplomatic outreach and Soft Power

Anasse AJJAD / Université Hassan Premier Settat

Anasse AJJAD

 

Résumé :

Le Maroc a réalisé ces dernières années des ascensions fulgurantes dans les postes de responsabilité de différents organes sportifs notamment en matière du football, ce qui lui a permis de conforter sa place en tant qu’acteur incontournable dans le monde du sport, assurant ainsi son rayonnement tant à l’échelle africaine qu’au niveau international.

Ce soft power footballistique se veut un mécanisme diplomatique à même de conforter le leadership du Royaume dans les fora internationaux, notamment en matière de préservation des acquis nationaux, à leur tête la question de l’intégrité territoriale du Royaume.

Plusieurs facteurs sont à l'origine du succès diplomatique, notamment l'organisation réussie d'événements sportifs, la modernisation et la multiplication d'installations sportives, l'organisation de Méga-événements et l'intégration des cadres marocains dans les instances footballistiques continentales et mondiales et enfin l'épopée marocaine à la coupe du monde du football Qatar 2022.

Mots clés : Football, Diplomatie, Soft Power

                                                  

Abstact :

Morocco has achieved meteoric ascents in recent years in the positions of responsibility of various sports bodies, in particular in the field of football, which has allowed it to consolidate its place as a key player in the world of sport, thus ensuring its influence both on an African scale and at international level.

This football soft power is intended to be a diplomatic mechanism capable of consolidating the Kingdom's leadership in international forums, especially in terms of preserving national achievements, headed by the issue of the territorial integrity of the Kingdom.

Several factors are at the origin of the diplomatic success, in particular the successful organization of sporting events, the modernization and multiplication of sports facilities, the organization of Mega-events and the integration of Moroccan executives in continental and global football bodies and finally the Moroccan epic at the Qatar 2022 football world cup.

Keywords :  Football, Diplomacy, Soft Power.

 

 

Introduction

L'utilisation du concept « diplomatie sportive » est relativement récente. Les études sur le rôle du sport dans les relations internationales se sont d’abord intéressées à son usage au service de la propagande des régimes autoritaires, de l’affrontement indirect entre les USA et l’URSS pendant la guerre froide ou du processus de décolonisation[1]. L’avènement d’un monde multipolaire dans les années 1990 a nécessairement permis une évolution des cas et des objets étudiés, la diplomatie sportive s’étant elle-même globalisée (Pigman et Rofe, 2014).

Joseph Nye[2]  a défini la force douce ou également la force d’attraction (Soft power en englais) en disant : "la force militaire ou politique ne suffit plus pour qu’un Etat obtienne ce qu’il veut d’un autre Etat. Il faut désormais compter avec la force d’attraction : l’idéologie, la culture et le poids de l’imaginaire permettent d’atteindre ces buts sans aucune coercition, voire sans que l’autre Etat en soit conscient"[3].

La diplomatie est alors selon lui la capacité d’un État à obtenir ce qu’il souhaite d’un autre État sans que celui-ci n’en soit même conscient à travers l’influence, l’attraction et la séduction.

Le terme de « diplomatie sportive » désigne l’utilisation stratégique du sport pour atteindre des objectifs dans le domaine des relations extérieures. Elle vise notamment à rendre un pays, ses habitants et sa culture plus attractifs auprès des pays tiers en entretenant des liens entre les populations au moyen d’initiatives citoyennes. Elle mobilise un éventail d’acteurs plus large que les diplomates et les personnalités politiques, notamment des sportifs amateurs et professionnels (les « diplomates en survêtement »), des organisations sportives et des acteurs de la société civile.

Une part importante de la diplomatie sportive s’organise autour de l’attribution des grands évènements sportifs qui constitue un enjeu de promotion et de rayonnement pour le pays d’accueil. Le processus d’attribution donne aussi aux organisations sportives la possibilité d’exercer une influence sur les gouvernements nationaux et de chercher à garantir la protection de leur intérêts essentiels, tels que l’autonomie de gestion ou un régime fiscal favorable.

Le sport, le football en particulier, est devenu un bastion pour le Maroc, consolidant son soft power, qui favorise la nation et projette une image favorable qui lui donne une visibilité dans le monde arabe et à l'étranger, générant une plus grande attractivité. 

Depuis l’accession de SM le Roi Mohammed VI au trône de Ses glorieux ancêtres, le Royaume a conféré à son action diplomatique davantage d’efficience qui s’est traduite par un développement accru, tous azimuts. Dans ce sens, la diplomatie sportive constitue un pan essentiel de la vision royale et une stratégie efficiente visant la consolidation du positionnement du Maroc contemporain dans plusieurs secteurs.

Étant un intermédiaire efficace et prompt confortant l’attraction du Royaume dans plusieurs domaines, le Maroc a fait de la diplomatie sportive une vitrine pour son rayonnement continental et international et un outil stimulant la croissance économique, industrielle, touristique et autres.

D’autre part, ce soft power sportif se veut un mécanisme diplomatique à même de conforter le leadership du Royaume dans les fora internationaux, notamment en matière de préservation des acquis nationaux, à leur tête la question de l’intégrité territoriale du Royaume.

A la faveur de la vision clairvoyante de SM le Roi et la haute sollicitude dont le Souverain ne cesse d’entourer les clubs et les compétitions sportives nationales, continentales et internationales, le Maroc a misé énormément sur la diplomatie sportive, à travers plusieurs investissements, partant de la conviction de SM le Roi que le développement de liens diplomatiques sportifs dans le monde aura un impact positif sur les conditions politiques, culturelles et économiques des peuples et sur les causes nationales. Ceci étant, ces investissements favoriseront indubitablement le rayonnement du Royaume à long terme.

En effet, le Feu Hassan II l’a bien précisé lors d’un discours dans les années 80 après le sacre olympique de Naoual ELMOUTAOUKIL et Said AOUITA lors des jeux olympiques de Los Angles en 1984, disant que le monde connait les deux champions olympiques marocains mieux que son Monarque, grâce à leurs sacres en athlétisme, ils sont devenus deux ambassadeurs du Royaume du Maroc en hissant le drapeau marocain haut dans les quatre coins du monde.  L’impact du sport dépasse clairement son influence diplomatique dans le monde, mais aussi de son économie, de l’emploi et de son attractivité, entre autres en ce qui concerne les grands événements sportifs.

Conscient de l’importance et de la force de la diplomatie par le sport, au moment où les ennemis du Royaume multiplient leurs manœuvres afin d’avorter l’initiative marocaine du plan d’autonomie de 2007, le Maroc s’est orienté vers le football afin de défendre ses intérêts nationaux, en particulier la question du Sahara Marocain.

Considéré comme l’un des principaux maîtres d’œuvre de la diplomatie par le sport engagée par le Maroc, « Fouzi Lekjaa est également le directeur du budget de l’Etat et il a la confiance du roi pour mener à bien ce projet », souligne Moncef El Yazghi, chercheur en politique du sport et l’auteur des Politiques sportives du Maroc, 1912-2021. « Plus que de diplomatie sportive, je pense qu’il faut parler de diplomatie footballistique, parce que tous les efforts sont concentrés sur cette discipline », ajoute-t-il.

Problématique :

Comment le Royaume du Maroc a pu intégrer le Soft power du football ? a-t-il réussi sa diplomatie sportive par le football ?

1 - Développement des infrastructures footballistiques

Depuis les tentatives avortées du Maroc d'organiser la Coupe du monde, notamment remportée par l'Afrique du Sud en 2010, le pays a commencé à moderniser les installations existantes selon les normes internationales et à construire de nouvelles infrastructures de football.

Sur son territoire, le Maroc a également entrepris la construction et la rénovation d'infrastructures majeures : stades modulaires, voies ferrées à grande vitesse, routes, aérogares, gares... Mais l'image d'un pays développé et d'un pays politiquement stable ne suffit pas à l'emporter. L'organisation s'oppose à une candidature conjointe des États-Unis, du Canada et du Mexique, soutenue par l'ancien président américain Donald Trump. Bien avant cette date, le Maroc avait créé l'Académie Mohammed VI de Football.

Dédiée à la production de joueurs de classe mondiale, l'institution est devenue une locomotive pour les clubs marocains en termes de formation de football de qualité, puisqu'elle a fourni à l'équipe nationale "A" trois joueurs pour la Coupe du monde Russie 2018 et quatre joueurs pour Qatar 2022.

Actuellement, le Maroc dispose d'installations sportives de niveau international à Agadir, Marrakech, Casablanca, Rabat et Tanger. Outre les cinq stades précités, le Maroc a également mis à jour d'autres stades dans le cadre de son organisation de la CAN 2025, à savoir Tétouan, Al Housseima, Berkane, Oujda, Kénitra, Fès et El Jadida.

Au niveau national, depuis 2015, la Fédération Royale Marocaine du Football (FRMF) a choisi de rénover les stades des clubs participant aux championnats professionnels "D1" et "D2", afin d'améliorer la qualité et l'image du football marocain en les dotant de gazon naturel.

Au niveau régional, la FRMF a mis en place plusieurs centres fédéraux régionaux du football dédiés aux jeunes en cours d'éducation physique. En 2017, le premier centre fédéral à ouvrir était Saadia.

Au niveau local, les ministères d'État concernés (ministère de l'Intérieur, de l'Équipement, des Transports, de la Logistique et de l'Eau et ministère de la Jeunesse et des Sports3 (aujourd'hui ministère de l'Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports)), en équipant des terrains préparés pour les collectivités locales avec du gazon synthétique, favorisant les programmes fédéraux.

En 2019, le Maroc a achevé un premier plan de restructuration avec l'ouverture du stade de football Mohammed VI. Etendu sur plus de 30 hectares, ce magnifique complexe sportif unique en Afrique est dédié aux différentes catégories d'équipes nationales de football.

Outre les équipes nationales de jeunes qui participent aux stages sport-études, le paddock accueille également des équipes nationales de beach soccer et de futsal.

Concernant cette dernière discipline, la FRMF a livré de nouvelles salles de futsal aux standards internationaux, notamment à Rabat et Laâyoune. Outre les équipements sportifs, le Maroc a lancé un grand projet de réorganisation des infrastructures d'appui, notamment les aéroports, les autoroutes, les hôtels et les moyens de transport.

Le Maroc est devenu le premier pays africain à introduire le VAR5 (le système Video Assistant Referee (VAR) est un outil de soutien pour les meilleurs officiels de la ligue nationale.)

L'euphorie économique et la stabilité politique et sécuritaire confère aux cadres marocains plus de légitimité dans la gestion des instances sportives africaines et internationales. C'est précisément en raison de la popularité internationale du Maroc et de sa bonne réputation en Afrique que la FIFA a approuvé à plusieurs reprises la candidature du Maroc à l'organisation de la Coupe du monde.

Depuis que le Maroc est devenu la première destination des équipes de football en 2021 et début 2022, ce country branding[4] a largement contribué à accroître la notoriété du pays et à accroître son attractivité pour le tourisme footballistique. Stade national africain , un stade non sanctionné par la FIFA pour les éliminatoires de la Coupe du monde Qatar 2022.

Profitant du bellicisme de la Confédération africaine de football (CAF) qui a jugé les stades de Bamako, Djibouti, Niamey et Ouagadougou inéligibles aux éliminatoires de la Coupe du monde 2022, le Maroc se positionne comme une force de réserve du football africain d'ici plusieurs courses. tenu cet automne. Ainsi en octobre, Djiboutiens et Burkinabés se retrouveront à Marrakech, Mozambique et Cameroun joueront à Tanger, et Guinée-Soudan et Mali-Kenya se joueront à Agadir. Alors que les matchs Guinée-Soudan et Mali-Kenya se sont déroulés à Agadir.

« Toutes ces fédérations ont signé des partenariats avec le Maroc. Comme leurs stades n'ont pas encore été homologués - à l'exception de la Guinée, qui est exclue en raison de circonstances exceptionnelles liées au coup d'État de septembre, elles se tournent naturellement vers le Maroc pour pouvoir jouer des matchs. Nous avons évidemment accepté", a déclaré Omar Khyari, un proche conseiller de Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF).

Cette image a indirectement renforcé le rayonnement du Maroc en matière de tourisme et de culture suite à la refonte des installations portuaires, des aéroports et des autoroutes.

Cette influence a fait du Maroc une destination privilégiée pour les talents africains qui préféreraient poursuivre une carrière de footballeur au Maroc, d'autant plus que le pays a ouvert ses frontières aux Africains souhaitant s'y installer.

2 - Organisation des Méga-événements footballistiques

Les événements sportifs continentaux et mondiaux accueillis par le Maroc mettent en évidence la qualité des infrastructures de haut niveau disponibles dans le Royaume ainsi que des aspects pertinents pour l'organisation, tels que la sécurité, la logistique et l'hébergement.

Avec une politique volontariste d'organisation de grands événements sportifs internationaux, le Maroc s'est imposé comme une destination privilégiée pour les grands événements sportifs, nécessitant des infrastructures de qualité, un savoir-faire et une bonne organisation.

Le Maroc a également une grande expérience dans la gestion des documents d'organisation du GES par rapport à ses rivaux africains, notamment après sa candidature à l'organisation de la Coupe du monde 2010.

Saisissant cette opportunité, le Royaume a pu établir des liens et des réseaux qui pourraient s'avérer précieux dans les années à venir. Enfin, le Maroc veut se positionner comme la plaque tournante de l'Occident en Afrique, ce qui signifie que le Maroc entretient de bonnes relations diplomatiques avec l'Europe et les États-Unis, assurant ainsi leur éventuel soutien lors de futures élections si nécessaire. Le Maroc a changé de direction dans l'organisation d'événements sportifs tels que la Coupe du monde des clubs en 2013 et 2014, le CHAN et les Jeux africains en 2018, la Coupe d'Afrique de futsal en 2020, l'équipe nationale féminine d'Afrique en 2022 et la dernière Coupe du monde à Qatar.

Dans le cadre du soutien de la FRMF aux causes nationales, la fédération organise un gala annuel alors que les provinces du sud célèbrent la Marche verte. Ces matchs ont été diffusés en direct sur plusieurs chaînes internationales et ont mis en vedette plusieurs personnalités internationales du football. Par exemple, les stars suivantes ont joué dans les tournois passés : le regretté Diego Maradona, le Ghanéen Abedi Bailey, le président libérien George Weah, le Brésilien Rivaldo et le gardien colombien Rene Iggy Tower. Par leurs déclarations solennelles, ces stars soutiennent directement ou indirectement l'intégrité territoriale du Maroc. Ils se sont donc dirigés vers les provinces du sud, niant ce que l'ennemi disait sur la guerre et l'instabilité dans la région.

C'est aussi l'occasion de voir le degré de développement atteint par les villes des provinces du sud par rapport au reste du pays. Par ailleurs, la FRMF a organisé et remporté la Coupe d'Afrique de Futsal en 2020 sur le terrain de la ville de Laâyoune malgré l'opposition de certains pays comme l'Afrique du Sud, l'Algérie, etc. Les deux pays se sont retirés de l'événement pour protester contre la CAF et la FIFA.

Disposant d'une bonne réputation au niveau mondial et continental, le Maroc a organisé la 43e Assemblée générale ordinaire et élective de la CAF en 2017. Au cours de cette Assemblée, le Sud-Africain Patrice Motsepe a été élu Président de la CAF en remplacement du Malgache Ahmad Ahmad. Le président Faouzi Lakjaa devient le Comité exécutif de la FIFA.

Avec l'exploit inédit de l'équipe nationale lors de la Coupe du monde Qatar 2022, le Maroc est devenu le premier pays africain et arabe à atteindre ce niveau de compétition, devenant une source de fierté en Afrique et dans le monde arabe. Bénéficiant de la confiance de la CAF, le Maroc accueille la CAN de football féminin et la Ligue des champions féminine en 2022. De son côté, la FIFA l'a sélectionné pour la troisième fois pour accueillir la Coupe du monde des clubs en février 2023.

3 - Intégration d’instances sportives continentales et internationales

Depuis les réalisations de Said Aouita et Nawal el moutawakel aux années 80, le Roi, Feu Hassan II, a pris conscience de la nécessité d’avoir des marocains dans les instances sportives internationales. Pour cela, il a assuré les études supérieures à Nawal El Moutawakel aux USA qui lui ont permis, par la suite, de devenir membre du comité exécutif et viceprésidente du Comité International Olympique. Un tel poste de responsabilité a permis au pays de mieux s’informer sur les dossiers gérés par l’instance et d’en tirer profit sur le plan politique, économique et sportif. Plus récemment, il a été ressenti, plus que jamais, la nécessité d’avoir des marocains à l’intérieur des instances sportives continentales et mondiales, surtout avec l’émergence d’une élite marocaine qui a fait ses preuves en matière de gouvernance sur le plan national. c’est dans ce contexte que le Maroc a usé de son poids et de sa diplomatie pour les placer au sommet de la hiérarchie. En effet, et depuis qu’il est à la tête de la FRMF le 13 avril 2014, Faouzi Lakjaa, Homme d’Etat et diplomate par excellence, s’est nettement distingué au Maroc d’abord, à travers la restructuration du football marocain, puis sur la scène africaine où il a mis le pays sur le devant de la scène. En juillet 2017, il a été élu au comité exécutif de la CAF, après le retrait de la candidature du président de la Fédération Algérienne Kheirddine Zetchi.

Lors du 43e Congrès ordinaire et électoral de la CAF au Maroc en 2017, le Maroc a pu obtenir un vote pour modifier l'article 4 du statut de la CAF. Cette mesure préventive a permis au Maroc d'enterrer complètement les rêves des séparatistes, car cet article adopté prévoit que "La Confédération Africaine de Football est ouverte aux candidatures de toutes les associations nationales africaines pour agir en tant que représentants officiels dans un pays indépendant et reconnu, et qu'il est membre de l'Organisation des Nations Unies (ONU)".

Le Maroc gagnent notamment le soutien et la reconnaissance de la marocanité du Sahara par la CAF et la FIFA donnant l'accord à la ville de Laâyoune pour organiser la Coupe d'Afrique des nations du futsal en 2022, nonobstant le retrait de l'Algérie et de l'Afrique du Sud. Cette approbation équivaut à un feu vert pour que le Maroc organise d'autres manifestations dans sa région sud.

Par ailleurs, la proclamation de feu Diégo Armando Maradona reconnaissant l'identité marocaine du Sahara à l'occasion de sa participation aux célébrations du 44e anniversaire de la Marche verte marocaine à Laâyoune a été mémorable.

Une autre déclaration impressionnante est celle de l'entraîneur Baddou Zaki, qui avait réclamé l'ouverture de la frontière entre le Maroc et l'Algérie lorsqu'il avait remporté la Coupe d'Algérie en tant qu'entraîneur des jeunes du Belwizdad en juillet 2017. Une telle proclamation a dérangé le régime algérien, entraînant alors le limogeage de l'entraîneur.

Depuis mars 2021, Faouzi Lakjaa occupe le poste de vice-président de la CAF et dirige jusqu’à présent la fameuse Commission de Budget de la CAF. En avril 2022, le président de la CAF l’a nommé au niveau groupe de travail des commissions de normalisation de la FIFA.

Cette nouvelle entité aura pour tâche d’analyser le cadre juridique, la gouvernance et la mission des commissions de normalisation et de faire des propositions à l’attention du Conseil de la FIFA. Ainsi, depuis qu’il est représenté à la CAF, le Maroc a pu gérer, avec succès, toutes les manœuvres des opposants du pays tendant à nuire à l’image du Maroc ou à ses intérêts grâce à une alliance solide au sein de cette instance africaine.

Suivant les dates des réalisations sportives marocaines antérieurement citées, il s’avère clairement que la diplomatie footballistique marocaine est récente. Malgré cela, ses fruits n’ont pas tardé a être perceptibles.

4 - Epopée marocaine à la coupe du monde Qatar 2022

Tout le monde se souviendra toujours de l'accès historique de l'équipe nationale aux demi-finales de la Coupe du monde 2022 au Qatar, tout comme nous nous souvenons des huitièmes de finale de la Coupe du monde Mexique en 1986.

 Le Maroc a signé un parcours plus qu’honorable au mondial Qatar 2022. Sortis en demi-finale devant la France, les Lions d'Atlas n’ont pas démérité et ont réécrit l’histoire du football marocain, arabe et africain. 

Le Maroc est devenu une énigme sportive, attirant des chercheurs et des technologues sportifs du monde entier qui tentent d'expliquer les performances de l'équipe marocaine. Cette performance inédite contribuera certainement à « déconstruire les stéréotypes médiatiques véhiculés contre l’intégrité territoriale du royaume »[5].

En fait, cet effort en amont pour redonner confiance aux Marocains s'est particulièrement intensifié depuis 2017, la marque de sport marocaine étant devenue la marque la plus respectée et la plus populaire en Afrique. Cette confiance s'explique à plusieurs niveaux : d'abord au niveau des clubs marocains, qui ont fini par dominer la Ligue des Champions et la Coupe d'Afrique des Nations.

L'équipe marocaine n'est pas seulement soutenue par les marocains. Le Maroc n'est pas seul dans cette grande aventure. Derrière notre pays et ses équipes, c'est tout le Sud. La diaspora installés en Europe, au Maghreb, en Afrique et dans le monde arabe. Tout le monde s'approprie cette équipe, qui a battu des équipes européennes célèbres de Belgique, d'Espagne et du Portugal, et a joué contre la France, championne du monde, sans complications.

Dans l'imaginaire des opinions publiques arabes et africaines, ces équipes européennes représentent d'anciennes métropoles incapables d'échapper aux barrières de l'époque coloniale. Aujourd'hui, ces pays représentent un Nord qui entretient une relation commerciale inégale avec le Sud.

L'épopée du Maroc a aidé le Sud à se détacher et a montré qu'il pouvait rattraper les autres et forcer le respect. Son succès va au-delà des sports tournés vers le Nord, et il illustre la volonté du Sud de le rattraper, voire de le dépasser.

La capacité de rattrapage a non seulement ouvert la voie aux pays du Sud, mais leur a également permis de progresser, d'influencer et de se développer. Le droit au rattrapage représente la volonté de sortir de la marginalisation et l'espoir d'un développement ouvert.

Voici les leçons importantes à tirer de cette belle expérience à Doha pour l'équipe marocaine. Pour la population largement marginalisée et souvent dépassée du Sud, ce succès apporte l'espoir d'éradiquer l'humiliation, y compris celle subie par le peuple palestinien depuis des décennies. Cela explique la forte présence de la question palestinienne légitime à Doha.

Le succès de l'équipe marocaine a fait hisser le drapeau de la Palestine avec le drapeau du Maroc, et les habitants de Gaza, comme les habitants des territoires occupés, se sont réjouis avec le peuple marocain.

Il est important de noter le comportement des Maghrébins, notamment des Algériens, qui ont accompagné la grande aventure du Maroc avec enthousiasme et ferveur malgré le fait que les relations entre le Maroc et l'Algérie étaient dans un état de rupture complète.

En 2019, lorsque l'équipe algérienne de football a remporté le championnat d'Afrique de la CAN, en ce qui concerne les Marocains, ils étaient supporters de l'équipe algérienne de football.

Cette démonstration de solidarité des Algériens, comme d'autres Maghrébins qui ont embrassé l'équipe marocaine avec force et joie, montre à quel point ce comportement (dima khawa khawa) relève non seulement de l'émotion mais de l'exigence de relations normales entre l'Algérie et le Maroc pour supprimer tous les signes d'une rupture des relations entre les deux pays : la rupture des relations diplomatiques, l'arrêt des gazoducs, la fermeture de l'espace aérien par les avions marocains, tout en fermant les frontières terrestres depuis 1994.

Outre le compagnonnage affectif des Maghrébins avec l'équipe marocaine, il existe chez eux une forte volonté de poursuivre la construction d'un Maghreb unifié qui leur permettra de réaliser un véritable développement économique et d'améliorer leurs relations avec l'Europe voisine et la capacité des États avancés négocier plus généralement la mondialisation du XXIe siècle.

Le Maroc, fier de la réponse du peuple maghrébin en soutien fraternel, continuera de tendre la main à l'Algérie, comme en témoigne l'initiative de notre souverain, notamment dans ses discours du trône en 2021 et 2022 : « Nous renouvelons notre invitation à nos frères algériens de travailler ensemble sans condition pour construire une relation bilatérale basée sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage... Nous sommes impatients de travailler avec la présidence algérienne afin que le Maroc et l'Algérie puissent travailler ensemble pour rétablir la normalité entre les relations entre les deux pays. Les deux peuples" Merci donc à cette équipe nationale qui a redonné beaucoup d'espoir au sud global en se faisant l'écho de la performance des peuples maghrébins, arabes et africains, en le laissant se détendre et croire en la possibilité de rattraper les autres pays. Ici, l'esprit et la raison sont du même côté. C'est en ce sens que l'épopée constitue un moment géopolitique important.

Le Maroc a beaucoup gagné de son épopée en équipe nationale en termes de prestige et de réputation. Dans le monde globalisé d'aujourd'hui, la réputation est une catégorie importante dans les relations internationales, notamment en ce qui concerne la performance sportive, qui pour le Maroc est devenue partie intégrante de son soft power, comme elle le fait dans le sens de la tolérance et de l'ouverture.

Il en va de même pour le gestion spirituelle de l'Islam. Ce succès place une grande responsabilité sur notre nation.

Dans le football, nous devons continuer à progresser : « Sir Sir Sir », mais aussi dans les sphères politique, sociale et économique, des domaines qui conduisent directement à des problèmes de développement.

Dans tous ces domaines de la gouvernance, les leçons des équipes de football méritent d'être méditées. Ils nous disent qu'avec du travail et sans formation on ne peut pas rattraper les autres. Ils illustrent vraiment le sens du nouveau modèle de développement que nous voulons construire. Le Maroc est actuellement classé 11e au monde en football. Cela veut dire que dans ce domaine nous avons émergé, nous avons atteint le seuil du décollage, ce fameux "décollage"[6]. Les indicateurs de développement économique, social et culturel de mon pays se situent généralement entre 70 et 100.

A nous de construire sur l'exemple de l'équipe nationale et de créer les conditions d'un rattrapage dans tous ces domaines, et nous devons aussi aller de l'avant et tendre la main au reste du monde avec respect, humilité et simplicité. Améliorer notre pouvoir de négociation.

Conclusion :

Le Maroc a bel et bien intégré le soft power du sport en investissant dans tous les domaines de la politique sportive. Il a su projeter une image nationale moderne et dynamique dans la région. Elle est entrée dans un cycle économique vertueux, qui devrait l'amener à mener une politique d'économie sportive rentable qui deviendra elle-même un instrument de pouvoir. A plus ou moins long terme, l'objectif est de gagner la chance d'accueillir une deuxième Coupe du Monde de la FIFA sur le sol africain. Si l'objectif de 2026 semble insaisissable en raison de la fiabilité du document conjoint États-Unis-Mexique-Canada, celui de 2030 est toujours possible.

Cependant, cette dynamique ne doit pas faire perdre de vue que, pour que cette politique étrangère sportive soit efficace sur le long terme, elle doit s'appuyer sur les recommandations suivantes :

1- Promouvoir le droit fondamental au sport et une pratique sportive facteur d’intégration sociale.

2- Consacrer les valeurs du sport dans l’éducation et la jeunesse



[1] Victor Peppard and James Riordan,Playing Politics: Soviet Sport Diplomacy to 1992.Greenwich: JAI Press, 1993. x, 184 pp.

[2] Joseph Samuel Nye, Jr. dit Joe Nye, né le 19 janvier 1937 à South Orange, est un analyste et théoricien des relations internationales. Il est professeur émérite à l'Université Harvard. Il est président du groupe nord-américain au sein de la Commission Trilatérale depuis 2009.

[3] Joseph S. Nye jr,Bound to Lead: The Changing Nature of American Power, New York, Basic Books, 1990, page 261.

[4] Le "Nation Branding", expression qui renvoie à la capacité d’un pays à promouvoir sa "Marque" et l’ensemble des dimensions qu’elle englobe (culturelle, gastronomique, sportive, diplomatique ou encore militaire) jouent un rôle clé dans la perception et le positionnement des entreprises françaises à l’international.

[5] Morocco’s Sports Diplomacy in Africa : Four Questions for Political Science Researchers, Atik Essaid, 2021 4 March 30 - By : Rachid Maboudi article publié par MAP. Consulté le 04-05-2022).

 

[6] Disait Rostov dans les années 1960, un célèbre économiste qui fut aussi conseiller du président Kennedy


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